L’évolution de l’agriculture vers la durabilité passe par la mise en œuvre de nouvelles pratiques et de nouveaux systèmes de cultures à même de limiter les intrants (fertilisants et produits phytopharmaceutiques) et adaptés aux contraintes sociales, économiques et environnementales. Depuis une dizaine d’années, des politiques publiques ont été mises en place en ce sens afin d’aider et d’encourager ce changement.
En 2017, les ministères chargés de l’Agriculture et de la Transition Ecologique ont lancé, en partenariat avec le ministère chargé de la Recherche et l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), un appel à projets « challenge ROSE » – lien vers la page.
Il s’agit de susciter la mise au point de solutions technologiques innovantes permettant de contribuer à atteindre les objectifs du plan Ecophyto II : réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, garantir une meilleure maîtrise de l’ensemble des risques et diminuer la dépendance de l’agriculture à ces produits.
Instruments de financement spécifique de l’ANR, les challenges visent à comparer simultanément les performances de plusieurs solutions technologiques et scientifiques vis-à-vis d’une thématique spécifique et d’objectifs définis à l’avance. Ils constituent un outil essentiel à la structuration et à la mobilisation des acteurs industriels et académiques, permettant de lever des verrous scientifiques et d’accélérer les développements et transferts technologiques.
Le défi auquel s’attaquent les équipes de recherche retenues est précis et opérationnel. Leurs travaux initiés début 2018 se focalisent en effet sur le désherbage de l’intra-rang (espacement entre les plants d’une même rangée) en cultures légumières de plein champ et en grandes cultures à fort écartement.
La problématique posée dans le cadre du challenge portait sur le développement de technologies mobilisant des solutions robotiques et/ou d’ensembles de capteurs, et permettant de s’abstenir de tout recours aux produits phytopharmaceutiques ou d’en limiter l’utilisation. Il s’agit donc de travailler sur les trois composantes du désherbage : observation et détection des cultures et des mauvaises herbes, interprétation/décision et action de désherbage.
Pour ces différentes étapes, des solutions originales ont été proposées par les chercheurs. En matière de détection et d’observation, des capteurs utiliseront des informations à différentes échelles pour distinguer les cultures des mauvaises herbes et reconnaître les différentes adventices. L’interprétation reposera ensuite sur l’anticipation des dynamiques de développement et de concurrence entre adventices et cultures, la modélisation des processus et la conception des stratégies. Enfin, l’action consistera en l’accompagnement ou la réalisation automatisée d’une action ciblée en mobilisant des solutions mécaniques ou électriques.
L’objectif du challenge ROSE d’inciter à la collaboration entre équipes de recherche et industries s’est traduit dans la constitution des consortiums de recherches engageant des collaborations entre des partenaires publics, Instituts de recherche (CNRS, Irstea, INRA, INRIA, CIRAD), Universités et établissements d’enseignement supérieur (université de Limoges, Université de Bordeaux, Montpellier Sup Agro et Bordeaux Sciences Agro), des entreprises privées du secteur agricole (Fermes Larrère, AGRIAL) et du secteur de l’agroéquipement (SITIA, CARBON BEE, Elatec, SABI AGRI), des coopératives, des chambres d’agricultures et des instituts techniques.
Les projets retenus ont mis en place des collaborations interdisciplinaires mobilisant des chercheurs en agronomie, physiologie des plantes, malherbologie, imagerie, traitement de données et robotique.
Le challenge a été lancé en janvier 2018 pour une durée de 4 ans. 4 campagnes d’évaluations menées par le LNE et Irstea, avec la participation de VetAgro Sup se dérouleront au cours du challenge.
L’avancée des travaux sera mesurée tout au long des projets lors de rencontres annuelles sur le terrain durant lesquelles les chercheurs réaliseront certaines tâches précises, dans un cadre de répétabilité et de reproductibilité des expériences menées. Les confrontations seront organisées selon une procédure élaborée en concertation avec les chercheurs, par le Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE) en collaboration avec Irstea.
Lors des confrontations qui se dérouleront sur une parcelle de l’AgroTechnoPôle sur le site d’Irstea à Montoldre dans l’Allier, l’efficacité de la stratégie de désherbage sera évaluée en fonction de l’atteinte de l’objectif de désherbage mais aussi sur des critères de coût économique, d’impact environnemental et d’acceptabilité de la solution par les agriculteurs.
Une retombée collective du challenge ROSE sera ainsi de favoriser l’établissement de références communes afin de pouvoir comparer les travaux scientifiques sur ce domaine de recherche et d’en faire bénéficier l’ensemble des communautés.
Voir le premier montage photos/vidéos du challenge et des rencontres terrain